La logistique inversée (pour m’exprimer en français) est partout, même si nous n’y faisons pas forcément attention. Le retour fournisseur (entre 2 sociétés), le retour client bien sûr, mais aussi la collecte des déchets, les restitutions de locations, l’ensemble des processus de traitement des déchets, la consigne et j’en oublie certainement sont des logistiques inversées.
La reverse logistics, ne doit pas être le début d’un parcours circulaire, ce serait une erreur de le penser ainsi. Une démarche circulaire doit être pensée dès la conception du produit et se poursuivre avec le service achat et ce jusqu’à la distribution. Seulement comme tout un chacun, nous prenons conscience de l’importance de la circularité uniquement quand nous n’avons plus l’usage d’un produit et que nous voulons nous en débarrasser.
C’est pourquoi, la Reverse Logistics prend toute sa part dans la circularité. Au moment où nous nous disons « finalement je souhaite me débarrasser de ce produit », la logistique inversée prend tout son sens. Derrière cette décision de « retour à l’envoyeur » (de plus en plus fréquente) nous n’imaginons pas la complexité logistique de cet acte anodin, car nous dans notre esprit nous ne faisons qu’inverser un flux physique. Mais ce n’est pas juste un transport inversé, la question de l’état du produit se pose également, ce qui entraine une multitude d’autres questions.
Finalement la première question, est de savoir si le produit doit réellement faire l’objet d’un retour ? Nous arrivons aujourd’hui à un modèle de consommation ou cette question ne se pose plus. En effet plusieurs exemples qui apparaissent comme absurdes d’un point de vue économique et écologique sont mis en place pour des raisons discutables. La politique marketing du retour gratuit dans le E-commerce est l’exemple le plus flagrant. Ce modèle est certainement économiquement viable de manière globale (et encore) mais va à l’encontre d’une politique RSE cohérente.
Pour aller vers une Reverse Logistics optimisée, la tâche est complexe et doit commencer pour chaque cas, de se poser la question : Le retour de ce produit est-il vraiment nécessaire ? comme je l’ai écrit précédemment. Si la réponse est OUI, il est important de définir au plus tôt quel traitement (action après le mouvement physique) nous réservons au produit retourné :
- Remise dans le circuit neuf
- Reconditionnement
- Réparation
- Eclatement (pièces détachées)
- Recyclage
- Consigne…
La consigne est une logistique de retour particulière, puisqu’elle est définie comme une logistique de circuit fermé qui s’inscrit totalement dans la démarche circulaire dès le départ. Logiquement ce type de logistique inversée fait partie d’une démarche Supply Chain avancée qui fait partie d’une orientation stratégique de l’entreprise. Ce sont à mon sens des circuits, sources d’inspiration pour d’autres types de Reverse logistics, car l’organisation logistique est généralement déjà optimisée : à bon entendeur…
Pour revenir au sujet « ’orientation du retour au plus tôt », si la décision du lieu et du circuit de traitement peut être faite avant le départ de la démarche retour, c’est idéal. Par exemple, une simple photo avant le départ peut déterminer si le produit nécessite une réparation ou non. Autre exemple l’état du produit et le lieu de départ peuvent être des critères de choix d’un point de traitement local pour limiter l’impact du bilan carbone de ce produit. Chaque entreprise doit déterminer et inventer la méthode qui lui convient.
C’est peu de dire que de nombreuses contraintes existent dans la Reverse Logistic. En plus des péripéties quotidiennes et classiques d’une exploitation logistique « classique », viennent s’ajouter des sujets comme :
- Massification ou localisation : comment fait-on pour retrouver un traitement de masse, générateur de plus de transports (un seul point de retour) mais qui permet une optimisation du process post transport ? Pouvons-nous nous permettre la mise en place d’un circuit court, plus complexe à organiser et gérer mais plus à l’écoute du client et plus responsable pour la planète ?
- Le diagnostic : Sujet essentiel qui implique une expertise et une procédure précise et rigoureuse. A quel niveau devons-nous porter le diagnostic pour conserver un minimum d’agilité et de rapidité dans la prise de décision ?
- La gestion des flux : La problématique des flux dans la logistique inversée est totalement liée au volume traité, car souvent trop faible pour avoir des flux (interne ou externe) optimisés. Des solutions organisationnelles et matérielles existent mais pour être mises en œuvre il est nécessaire de se baser sur des données fiables et avoir un plan d’action testé et en amélioration continue (remise en question permanente).
Bien d’autres thématiques pourraient venir s’ajouter à ces trois exemples, comme le process de démantèlement, de réparation, la réintégration dans un circuit, …. Chaque filière, chaque entreprise à ses propres contraintes et il n’y a pas de solution optimale universelle.
Contrairement à la première idée que nous nous faisons, la Reverse Logistics n’est pas nécessairement synonyme de coût. La logistique inversée peut devenir un axe de rentabilité, et de plus en plus de dirigeants d’entreprises prennent conscience de l’importance de se pencher sur la question. Lorsque cette prise de conscience est effective, un plan d’action long mais extrêmement motivant peut s’enclencher pour remodeler l’organisation, les relations, les méthodes de travail, l’image d’une société.
Un bon plan d’action pour aller vers une Reverse Logistics optimisée doit prendre le temps de la réflexion en se posant les bonnes questions, prendre le temps de tester, de se tromper, de recommencer et d’aller dans le détail. Pour autant, il ne faut pas oublier un élément essentiel : inscrire ce plan d’action (qui va dans le détail) dans une démarche globale d’amélioration de la Supply Chain (sans doute le plus complexe).
La logistique inversée est de plus en plus présente avec nos nouveaux modes de consommation et elle doit aller de pair avec une démarche circulaire et écoresponsable. Imaginer et créer votre Reverse Logistics à votre image, sans faire de gros investissements vous permettra d’obtenir un ROI et un ROMI qui vous surprendra. Les consultants Supply Chain, sont là pour vous accompagner et entrez dans le détail des besoins de vos clients, de vos process, de vos flux…. “Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail” selon Léonard De Vinci.
J’espère, à travers cet article avoir éveiller quelques réflexions, qui pourront déboucher sur des actions concrètes pour améliorer la Reverse Logistics de l’ensemble de la Supply Chain. Chaque acteur économique y prend part et de manière directe ou indirecte nous avons tous intérêt à intégrer ces notions qui vont devenir de plus en plus importante dans la chaine de consommation.
Merci pour votre lecture,
Jérôme THEBAULT.